«Les électrons libres ou un tour de France en voiture électrique», une chronique «Un R d’Actu» de Steve Tanner

Président de l’ONG environnementale chrétienne A Rocha Suisse, Steve Tanner est ingénieur. Son engagement écologique et ses préoccupations d’ingénieur le poussent à documenter de manière fouillée la transition énergétique qu’il tente de promouvoir en famille (1). Petit parcours sous forme de chronique en voiture électrique !

Est-il possible de faire des longs trajets en voiture électrique, par exemple partir en vacances ? Comment cela se passe-t-il ? C’est l’expérience que nous avons tentée en famille, à cinq, cet été : partir pour un tour de France par monts et par vaux, avec notre Zoé, question de tester si ce que l’on dit est vrai : la voiture électrique pour les vacances, c’est nul, ou pas ?

La voiture électrique : « Ça va pas le faire ! »

En effet, j’entends souvent : « Oui, la voiture électrique, c’est cool, mais franchement pour les vacances l’autonomie est limite. Ça va pas le faire, donc c’est non ! On reste au pétrole. » Dommage de ne pas changer juste à cause de quelques longs trajets par an, car le reste du temps l’autonomie d’une voiture électrique n’est pas un problème.

Après quatre ans de vacances en Suisse en voiture électrique, cette année on s’est dit : « A nous les grands espaces ! Allons explorer la France et son réseau de bornes de charge ! 300 kilomètres d’autonomie, c’est ce que nous permet notre Zoé. Donc non, se taper 900 km en une fois sans s’arrêter, ce n’est pas possible ! Et ce n’est pas si mal… car faire des pauses, on y prend goût… On planifie différemment ! On s’arrête tous les 200 à 250 km, le temps de recharger et de prendre du bon temps : visite d’un château, d’une ville, quelques courses, un bon restaurant… Ben oui, c’est les vacances ! Ou bien ?

3000 km en trois semaines

La voiture à essence nous avait habitués à faire du voyage une sorte de punition, un truc à avaler tout rond. Dommage, car il y a de belles choses à voir en chemin. Nous avons traversé la France en deux jours et deux nuits, alternant châteaux, jolies villes et gîtes de campagne. Destination : l’Atlantique, 12 jours de plage et farniente. Puis la traversée jusqu’à Carcassonne, quelques jours côté Méditerranée, et le retour par l’Ardèche. En tout près de 3000 km en trois semaines. Tout cela pour CHF 80 de frais d’électricité – pardon, quatre-vingt ! – et des émissions de CO2 incroyablement basses : seulement 7.5 kg, soit l’équivalent d’un barbecue végane !

La France n’est pas encore densément peuplée de bornes de recharge. Donc, il faut bien planifier ses trajets, et prévoir toujours une réserve d’électrons pour faire face aux imprévus. En électrique, on profite des bornes lorsque l’occasion se présente, même pour une charge partielle. Nous avons rechargé 17 fois, soit en moyenne tous les 170 km. 12 recharges sans aucun problème, quatre où nous avons dû chercher une autre borne, et une seule fois nous avons un peu galéré pour trouver une borne libre ou fonctionnelle.

Un bilan CO2 deux à trois fois meilleur

La voiture électrique, c’est un bilan CO2 entre deux et trois fois meilleur qu’une voiture thermique. Et c’est vraiment fun à conduire…

J’espère que ce petit récit vous aura fait envie de partir en vacances en électrique. Prendre le temps de vivre et faire du trajet un vrai bout de vacances. Belle route, les électrons libres !

Steve Tanner

Note
1 Steve Tanner met à disposition un document qui propose une analyse chiffrée de son périple familial en France : « Récits de vacances : tour de France en voiture électrique avec 7.5 kg de CO2 ». A télécharger ici.

Ecouter la chronique « Un R d’Actu » de Steve Tanner.